Hors-piste
Après être resté un mois en Tanzanie, j’ai commencé à être fasciné par la culture Maasaï. Et plus particulièrement par ses frictions avec la modernité. Du coup, je me suis mis en tête d’aller visiter un village traditionnel. Mais je voulais à tout prix éviter les villages reconstitués pour les touristes avec des comédiens qui sautent.
J’ai fini par trouver Sambeke après de longues recherches. Il m’a emmené faire un tour dans les villages du nord de la Tanzanie, à la frontière Kenyane, pendant quelques jours.
Nomades
Revenons à la base, les Maasaï sont appelés ainsi parce qu’ils parlent Maa.
Ils sont semi-nomades et ont une économie pastorale exclusive. Ils ont résisté aux incitations des gouvernements visant à leur faire adopter un mode de vie sédentaire et à adopter l’agriculture. Les Maasaï n’ont ni papiers ni frontières, et c’est profondément ancré dans leur culture et dans leur mode de vie.
Ils construisent des petits villages entourés de branches à pointes pour protéger leurs troupeaux : les boma. Quand les Maasaï doivent migrer, ils brûlent généralement les maisons. Parfois, ils les laissent pour pouvoir y revenir plus tard, en fonction de l’eau et des pâturages disponibles.
Troupeaux
Toute l’économie et la société Maasaï est organisée autour de leurs troupeaux. Ils croient que leur dieu leur a confié son propre bétail afin qu’ils s’en occupent, l’élevage est donc tout à fait indissociable de leur spiritualité.
La taille du troupeau détermine le prestige et l’importance d’un Maasaï au sein de son clan. Parce que bétail est à la base de tout. S’ils sont nomades, c’est pour suivre les pluies et nourrir leurs bêtes. Elles sont utilisées pour manger, pour troquer, pour fabriquer des armes, pour créer du combustible, pour se marier, et même pour fabriquer leurs maisons grâce à de la bouse séchée.
Les Maasaï sont donc un des derniers peuples qui n’utilisent – n’utilisaient – pas l’argent comme système de transaction. Introduire de l’argent c’est introduire une profonde contradiction avec tout le système de valeur de la culture Massai d’origine.
Les femmes Maasaï
La place de la femme dans la société Maasai est absolument unique.
C’est la femme qui construit sa maison, et c’est donc elle qui y fixe les règles. La société maasaï est polygame et les hommes ont le plus souvent plusieurs épouses qui cohabitent dans le même village mais ont chacune leur maison.
En revanche, les femmes ont le droit d’avoir des amants, même une fois mariées. Ce sont elles qui les choisissent en les invitant à boire du lait chez elle. Si le mari rentre avec son troupeau et qu’il trouve une sagaie devant la porte, il ira simplement dormir ailleurs.
Hostiles ?
Je suis heureux d’avoir réussi à capter ce genre de regards.
J’ai tout fait pour ne pas débarquer dans un endroit touristique et j’ai été servi. Ces regards-là, c’est la preuve que j’étais au bon endroit. D’ailleurs, beaucoup ont refusé que je prenne des photos.
Mais ces regards-là, ils ne sont pas contre moi. Ils sont contre le tourisme en général, qui met en danger les traditions Massaï. Bien qu’ils soient très attachés à leurs origines et à leur culture, de nombreux Maasaï ont abandonné leur mode de vie traditionnel pour le style de vie occidental.
Choc des cultures
Au fil de ces balades, j’ai quand même eu la chance de discuter avec Naeku.
On a eu une discussion absolument extraordinaire à propos du sens de la vie. Elle avait 24 ans, fait ses études dans l’école du coin et avait déjà 4 magnifiques enfants. J’avais 31 ans, pas d’enfants, pas de maison, même pas de copine à ce moment-là, et évidemment aucune chèvre à moi.
Bah voilà, Naeku m’a demandé le plus gentiment du monde à quoi je servais dans la vie du coup. Bonne question. C’est marrant de se dire que tous mes potes me disent que j’ai une chance folle d’être digital nomade, alors que pour les Maasaï, je ne suis qu’un petit garçon qui n’a pas trouvé sa place dans la société.
Alors j’ai pas la place de vous raconter le quart de ce que je voulais vous dire à propos de la société Maasaï.
Mais je suis tellement excité à l’idée de vous raconter tout ça que je vous prépare un petit article tout bientôt !